Turbulences politiques en Afrique francophone : Vers un tas de coup d’État ?

Des groupes de militaires tiennent de plus en plus en respect des dirigeants dans plusieurs pays en Afrique francophone. Tout comme ce fut le cas avec le printemps arabe au Maghreb, l’on assiste à la chute des régimes et des chefs d’Etat supposés indéboulonnables en Afrique subsaharienne. Guinée, Mali, Burkina, Niger et tout récemment le Gabon. La liste risque de s’allonger, au regard des récriminations des populations dans certains pays potentiellement exposés aux bruits de bottes ou à l’épidémie de coup de l’Etat.   

Tout porte à croire qu’une épidémie politique se manifeste en Afrique francophone, où soudainement des coups d’Etat se propagent de façon inattendue. Après le Mali, la Guinée, le Burkina Faso et le Niger, le Gabon venait aussi d’être secoué par un coup d’Etat. L’appétit pour le putsch semble alors très fort chez des militaires dans les pays francophones d’Afrique. De ce point de vue, il n’est pas hasardeux de penser que des pays seraient en instance de connaitre des coups d’Etat.

La liesse populaire spontanée ou téléguidée, c’est selon, après la chute des régimes, traduit un sentiment de délivrance. Pour le cas récent du Gabon, le pouvoir détenu par le clan Bongo depuis des décennies est considéré comme une dynastie. Les gabonais ont plusieurs fois tenté, sans succès, de mettre fin à ce pouvoir à travers des élections. Mais le hold up voire le trucage des résultats orchestré par le clan Bongo a souvent eu raison de la soif des gabonais à l’alternance.

Lors de l’élection présidentielle de 2016 au Gabon, la vérité des urnes fut dangereusement malmenée au point que le verdict a tourné à l’avantage du plus fort. Ce faisant, l’élection passe pour un simulacre devant servir de vernis au pouvoir de l’autocrate. Même la contestation n’est pas autorisée. Toute tentative de contestation du hold up est sévèrement réprimée. L’horizon apparaissant ainsi désespéré, les coups d’Etat apparaissent comme le seul moyen d’imposer l’alternance. Et voilà que les militaires commencent à saisir leur mission de sauvetage des populations opprimées par les autocrates.

La tendance risque de se généraliser en Afrique centrale, où se concentre la horde de dirigeants au pouvoir depuis des lustres. Ces dirigeants sont désormais dans la ligne de mire des militaires dits « patriotes ». Et cette race d’hommes en uniforme se multiplient rapidement. Même si le désir de gouter aussi aux délices du pouvoir n’est pas à écarter, la volonté d’offrir de nouvelles alternatives aux peuples semble manifestement constituer les raisons de leur action. Il va sans dire que des régimes de long règne et impopulaires peuvent encore tombés très prochainement.

L’Afrique de l’ouest devra aussi retenir son souffle. Car, les prévisions ne sont pas rassurantes. Elles font transparaitre des tempêtes à l’horizon. La déferlante aurait encore des jours devant, ceci au regard de la situation politique préoccupante dans certains pays de la région. Surtout dans un contexte où dans certains pays des dirigeants ont confisqué le pouvoir et les richesses, au mépris de la population qui s’enfonce continuellement dans la pauvreté, les cris de détresse de la masse opprimée et affamée atteint les garnisons.

Eviter la dégringolade

Les dirigeants prévoyants peuvent déjà commencer à mettre des mécanismes d’inclusion sociale de manière à atténuer la misère des populations. Car la majorité de leurs compatriotes les assimile aux prédateurs et insouciants gouvernants. Il faut dire que parfois les finances du pays ne permettent pas de répondre efficacement aux besoins urgents des populations. Faire l’option de la transparence avec une dose de communication pourra amener l’ensemble des citoyens à comprendre les situations. Mais tant que certains dignitaires évolueront dans un luxe insolent très ostentatoire pendant que le petit citoyen trouve difficilement à manger, boire de l’eau potable et manque de structures sanitaires performants pour pouvoir se soigner, il va se développer une aversion envers la classe dirigeante marquée par le népotisme et la kleptomanie. Et les militaires seront toujours aux aguets pour prendre leur responsabilité devant l’histoire. C’est-à-dire agir pour délivrer la patrie.  L’autre critique dresser contre des dirigeants est le manque de la culture démocratique. Il leur est reproché de ne songer à respecter les dispositions constitutionnelles de limitation de mandat présidentiel. Alors lorsque les populations en plus d’être insatisfaites de la gouvernance d’un dirigeant, sont condamnées à le supporter pour de longues décennies, tout putschiste devient un sauveur. Œuvrer pour l’enracinement de la démocratie à travers une réelle séparation des pouvoir, la mise en place d’institutions fortes concourant à une véritable justice sociale, pourra arrêter l’épidémie de coups d’Etat. Une véritable démocratie peut couper l’herbe sous les pieds de ces militaires potentiellement tentés.          

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